La formation en entreprise bénéficie surtout aux salariés promus
Les salariés promus dans leur entreprise sont aussi les plus formés. C’est ce que révèle une enquête publiée par le Céreq dans le dernier numéro de Bref, sa revue consacrée à l’emploi et la formation professionnelle.
L’enquête, consacrée à la formation en entreprise, montre que les salariés sont inégaux dans l’accès à celle-ci. Elle dégage cinq types de parcours professionnels liés à la formation.
Les parcours ascendants bénéficient facilement de la formation en entreprise
Les parcours ascendants se caractérisent par des hausses cumulées de salaire, de responsabilité, d’autonomie ou encore d’intérêt du travail. Ils sont de deux types :
La promotion fonctionnelle
Cette catégorie regroupe les salariés qui ont connu un changement de fonction, de poste ou, parfois, d’établissement. Ils sont plus jeunes, travaillent généralement dans des grandes entreprises et occupent fréquemment des postes de cadre. Ils sont généralement très diplômés.
L’enquête du Céreq montre que plus de 80% d’entre eux ont eu accès à une formation dans le cadre de leur travail entre 2014 et 2017. Ce sont eux qui ont le plus de chances d’être formés par leur entreprise.
La promotion non formalisée
Ce second type de parcours ascendant concerne des salariés ayant déclaré des évolutions positives sur plusieurs registres, dans avoir changé de fonction, de poste ou d’établissement. Plus âgés que le groupe précédent, moins diplômés, ils travaillent majoritairement dans des petites et moyennes entreprises, où prédomine la polyvalence et qui offrent moins d’opportunités internes que les grandes.
Dans ce cadre, la promotion sans changement de fonction ou de poste semble intervenir dans une logique de valorisation ou de fidélisation des salariés. Ceux qui appartiennent à ce type accèdent aussi largement à la formation (70%), mais moins souvent que les précédents.
Les carrières établies ont un bon accès à la formation
Le troisième type de parcours concerne les salariés dont la carrière est établie et pour lesquels on note une absence de changement professionnels et peu d’évolutions, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Cette stabilité va avec l’expression par ces salariés d’une grande satisfaction dans leur emploi. Ils le perçoivent comme correspondant à leur qualification et à leurs compétences et leur permettant de concilier vie privée et vie professionnelle.
On retrouve là les salariés les plus âgés, qui n’ont que rarement un diplôme de niveau Bac+5 ou des fonctions d’encadrement. Ils travaillent souvent dans une petite entreprise et dans un environnement stable, peu affecté par des mutations.
Les salariés de ce type expriment moins souvent que les autres le souhait de se former (57% contre 68% en moyenne). Ils cherchent moins que les autres à faire évoluer leur travail ou leur fonctions. S’ils accèdent moins que les groupes précédents à la formation en entreprise, ils sont tout de même une majorité (59%) à y avoir eu accès dans les dernières années. Ceux qui n’ont pas eu cette opportunité expriment plus rarement que les autres un manque de formation (27% contre 43% pour l’ensemble des « non-formés »).
Les parcours bloqués, en demande de formation professionnelle
Le quatrième type de parcours professionnel regroupe des salariés pour qui l’absence d’évolution est accompagnée d’une faible satisfaction dans l’emploi et d’une perception très défavorable des conditions de travail. Ils occupent généralement des emplois peu qualifiés. Il s’agit souvent d’ouvriers non qualifiés et d’employés de commerce. C’est aussi le groupe de salariés les moins diplômés et qui subissent les conditions de travail les plus pénibles.
C’est dans ce type de parcours professionnel que l’on trouve le plus grand écart entre taux d’accès effectif à la formation (inférieur à 50% entre 2014 et 2017) et souhait de se former. 60% de ceux qui n’ont pas suivi de formation en entreprise déclarent ainsi en ressentir le manque. C’est donc pour ce type de salariés, bloqués dans leurs parcours professionnels, que se pose de manière la plus aiguë la question de l’accès à la formation qualifiante.
Les parcours heurtés n’ont pas accès aux formations souhaitées
Le dernier type de parcours regroupe des salariés plus qualifiés que les précédents mais qui vivent des situations de fragilisation, souvent en lien avec des changements organisationnels ou technologiques survenus dans leur entreprise. Ces salariés ont connu plusieurs évolutions professionnelles descendantes : baisse d’autonomie ou d’intérêt, dégradation des conditions de travail, baisses de responsabilité et/ou de salaire.
Ces salariés sont plus souvent que les autres des seniors, des femmes ou des professions intermédiaires. Ils sont souvent diplômés de l’enseignement supérieur mais rarement de niveau Bac+5.
Parmi ce groupe, 77% des personnes expriment le souhait de se former (contre 68% en moyenne) mais se trouvent souvent contraints de suivre des formations d’adaptation à leur nouveau poste. Seuls 25% d’entre eux ont eux accès à une formation en entreprise correspondant à leur souhait de progression. Ces salariés sont ceux qui expriment le plus souvent une volonté de changer de métier ou d’emploi.
Consultez l’intégralité de l’étude du Céreq ici.