Les changements envisagés par le gouvernement pour réformer la formation professionnelle et l’apprentissage
Suite à la consultation des représentants patronaux et syndicaux organisée par le gouvernement le 12 octobre dernier pour évoquer les orientations de la future réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage, on en sait d’avantage sur les pistes envisagées pour cette deuxième étape capitale des réformes sociales du quinquennat du Président Macron.
Réformer le financement de l’apprentissage
Pour rappel, le Président s’était déjà montrer désireux de créer une « société des compétences » dans laquelle l’apprentissage serait une priorité et constituerait une voie d’excellence pour la formation et l’accès à l’emploi. Emmanuel Macron entend aujourd’hui renforcer le dispositif de formation en apprentissage pour faciliter l’accès des candidats aux emplois de qualification moyenne.
Le gouvernement projetterait d’affecter 100% de la taxe d’apprentissage pour financer l’apprentissage alors qu’aujourd’hui environ 25% de celle-ci est ré-allouée par les entreprises au titre de la fraction « hors quota » à des établissements de leur choix pour d’autres actions de formation.
Le gouvernement envisage également de réunir le contrat de professionnalisation et le contrat d’apprentissage dans un contrat unique. La limite d’âge supérieure devrait être abolie et les aides et subventions destinées aux entreprises vont être modifiées et réunies en une aide unique. Cette dernière devrait seulement varier en fonction de la taille de l’entreprise et du niveau de qualification de l’apprenti.
Mieux préparer l’entrée dans l’alternance
La généralisation de l’alternance dans les lycées est prévue par la réforme tandis que dans le supérieur, des licences professionnelles en alternance devraient être mises en place.
La Confédération de Petites et Moyennes entreprises (CPME) se montre sceptique sur cette mesure qui ne conviendrait pas à ses membres. Les entreprises pourraient ainsi se montrer réticente à engager un apprenti débutant sur une durée de trois ans, d’autant plus que le taux d’abandon en cours de route pourrait se montrer élevé devant l’inexpérience de candidats sans connaissance du marché de l’emploi et de la réalité de leurs choix d’orientation.
Pour autant, les critiques des employeurs envers les apprentis portent la plupart du temps sur des questions de savoir-être dans l’entreprise, d’où la volonté d’instaurer un moyen pour préparer à l’alternance à la fin du collège. Le but est que les élèves puissent maîtriser les savoirs de base avant d’entrer au lycée pro ou dans un CFA.
En outre, le monde entrepreneurial critique également le fait que les besoins de l’entreprise ne soient pas inclus au cœur du système.
Mieux accompagner les personnes formées
La formation des populations les plus éloignées de l’emploi va être placé au centre des priorités du plan de réforme de la formation. Ainsi, un million de chômeurs et la même proportion de jeunes peu qualifiés devraient bénéficier d’un accompagnement en amont et en aval afin d’éviter leur décrochage. Cette mission devrait être confiée aux conseillers Pôle emploi.
Concernant les salariés, le gouvernement va procéder au renforcement des droits individuels à la formation afin que chaque individu puisse prendre en mains son propre parcours. Il s’agit d’une continuité du DIF qui date de 2004 et du CPF qui a été créé en 2015.
Difficile cependant de savoir jusqu’à quelle mesure cette accélération va se faire, le programme présidentiel ayant juste précisé que la totalité de la contribution 1% va être basculée des entreprises vers le CPF.
Réduire le nombre des acteurs de la formation
Afin d’arriver à une meilleure transparence des acteurs du marché de la formation, le gouvernement prévoit de demander à chaque organisme de formation de fournir des informations sur leurs débouchés professionnels des bénéficiaires de leurs programmes. Les trajectoires salariales des candidats ou encore le taux de retour à l’emploi devrait également servir de base à l’établissement d’un nouvel indicateur de performance.
L’amplification de la politique de certification des organismes de formation est également prévue au programme. Le président prévoit en outre de limiter le nombre d’acteurs dans le secteur de la formation professionnelle. Reste à espérer que les acteurs de formation à distance ne pâtissent pas de cette rationalisation.
La question qui se pose est de savoir si le gouvernement va également impulser un chantier de refonte pour simplifier les titres de la formation professionnelle. Le Medef, qui en a lancé l’idée, défend également le fait de rendre les conditions d’enregistrement des diplômes plus fluides afin d’améliorer l’adéquation en l’offre de formations et les besoins des entreprises.