2022, année record pour les recrutements de cadres ?
Après deux années plutôt moroses, l’année 2022 devraient voir le volume des recrutements de cadres repartir largement à la hausse. Si les prévisions sont optimistes, l’Apec les modère cependant en soulignant la situation parfois préoccupante des jeunes diplômés et des seniors, ou le risque de « grande démission ».
Un retour au niveau d’avant-crise et un effet de rattrapage
Selon Gilles Gateau, directeur général de l’Apec, le nombre de recrutements devrait largement dépasser, en 2022, les chiffres de 2021. Les estimations concernant l’an passé se situent autour de 250.000 recrutements de cadres, alors qu’on en avait recensé 280.000 en 2019 et 230.000 en 2020. Au 2e semestre 2021, le volume d’offres a atteint un niveau jamais connu.
Cette dynamique est portée par certains secteurs en particulier, comme celui de la santé et de l’action sociale (+ 46% d’offres en plus entre 2019 et 2021), l’industrie pharmaceutique (21%) et l’immobilier (27%). D’autres secteurs connaissent eux une tendance à la baisse, comme la gestion des entreprises, la communication et les médias, l’automobile-aéronautique. Et trois secteurs continuent de concentrer le gros des offres : informatique, ingénierie/R&D et conseil.
25% des projets de recrutement auraient été abandonnés en 2021
Au premier trimestre 2022, les intentions de recrutements sont surtout portées par les grandes entreprises. Mais 60% des embauches concernent néanmoins les TPE et PME.
Cependant, si 13% des entreprises comptent recruter au moins un cadre, elles ne sont pas toutes certaines d’y parvenir. Près de huit sur dix anticipent en effet des difficultés de recrutement dans les prochains mois, par manque de profils disponibles sur le marché, du fait du décalage entre la candidature et le profil recherché, de la guerre des talents avec la concurrence, des prétentions salariales, ou encore du manque d’attractivité de l’entreprise ou du territoire.
La « grande démission », un risque réel ?
Si ce marché de l’emploi reste dynamique, la situation est préoccupante pour les jeunes diplômés, du fait d’un « embouteillage » des dernières promotions lié à la situation sanitaire, et pour les cadres seniors de 55 ans et plus : trois quarts d’entre eux doutent de leur capacité à rebondir en cas de perte d’emploi.
Ces catégories de cadres sont disposées à faire certaines concessions, notamment sur le salaire. Leurs arbitrages portent également sur le temps de transport, le temps de travail, voire le métier, le secteur ou le niveau de responsabilité.
Mais la crise sanitaire a aussi eu une autre conséquence : beaucoup de cadres ont des envies de reconversion professionnelle, en particulier les moins de 35 ans (42% d’entre eux) et les 35-54 ans (36%). Enfin, 40% des cadres disent être prêts à renoncer au salariat, par exemple pour se mettre à leur compte ou s’ouvrir à d’autres formes d’emploi.