La Région Île-de-France veut développer l’emploi dans l’économie sociale et solidaire

Du commerce équitable à l’épargne solidaire, en passant par les innovations sociales en matière de protection de l’environnement, de lutte contre l’exclusion, de santé ou d’égalité des chances, le champ de l’économie sociale et solidaire (ESS) regroupe de nombreuses organisations privées (entreprises, coopératives, associations, mutuelles ou fondations) et présente un marché de l’emploi porteur.

En Île-de-France, la filière représente déjà 7% des emplois salariés, soit près de 386 300 salariés en région parisienne en 2016 pour 11,8 millions d’euros de masse salariale selon les derniers chiffres de l’observatoire de l’économie sociale et solidaire. Le conseil régional souhaite pousser son développement et vient de présenter une série de proposition en ce sens.

Une concentration des emplois dans les coopératives et les associations

Les principaux pourvoyeurs d’emplois dans le secteur de l’ESS sont les associations, avec 30 000 établissements qui emploient près de 300 000 salariés. Près de 40% des emplois y sont regroupés au sein de l’action sociale mais les associations exercent également dans d’autres secteurs d’activités tels que l’enseignement pour 20% des emplois ou la santé (10% des postes).

Autre pilier de l’économie sociale et solidaire, les coopératives, majoritairement concentrées dans les activités financières et d’assurances, emploient également 33 500 salariés dans 1920 établissements d’Île-de-france.

Les défis de l’ESS

Le secteur va devoir faire face à des défis de taille. Alors que 77% des établissements de l’ESS emploient moins de dix salariés, il se place parfois en concurrence directe avec les acteurs traditionnels du secteur privé.  Le secteur de l’aide à la personne est un bon exemple de cette opposition entre des acteurs dont les objectifs divergent (lucratifs versus non lucratifs).

Pour soutenir les acteurs de l’ESS, la Région IDF a ainsi pris la décision d’octroyer une aide au secteur, via un dispositif d’encouragement des « achats responsables ». Les achats effectués auprès des structures appartenant au secteur de l’économie sociale et solidaire seront en effet encouragés et la collaboration des collectivités locales et de certains grands groupes sera sollicitée afin de favoriser l’accroissement des marchés potentiels des acteurs de la filière.

La région souhaite également poursuivre le développement des clauses sociales dans l’attribution des marchés publics, avec pour objectif de monter à 25% des marchés publics d’ici la fin de la mandature actuelle. Certains marchés devraient ainsi être réservés aux acteurs de l’ESS, comme des opérations de travaux d’envergure ou dans des secteurs innovants liés au numérique.

Créer des « champions » de l’ESS

La Région IDF veut travailler à faciliter l’accès des représentants de l’ESS à son dispositif d’aides « Up » (PM’UP, Innov’UP, back’UP et TP’UP) à destination des start-up, PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire). Ces aides peuvent atteindre jusqu’à 250 000 euros par structure sur trois années.

Par ailleurs, la région souhaite proposer à ses pépites locales un accompagnement spécifique pour suivre leur développement de l’amorçage du projet au changement d’échelle. Entre 15 et 20 dirigeants de l’ESS seront ainsi sélectionnés chaque année en fonction du potentiel d’emplois et des impacts sociaux de leur projet pour intégrer un programme d’accompagnement de 18 à 24 mois

Le secteur ESS pourrait donc voir son développement s’accroître rapidement, entraînant ainsi de nombreuses embauches. Le secteur n’est par ailleurs plus tout jeune : ses salariés sont en moyenne plus âgés que ceux de l’économie privée.

31% des salariés de l’ESS ont ainsi plus d’une cinquantaine d’années contre 24% dans l’économie privée. Le secteur va être profondément renouvelé dans les prochaines années avec près de 117 880 départs à la retraite prévus sur 15 ans.